Créer une mare naturelle dans son jardin, c’est un peu comme inviter la nature à s’installer chez soi. Un espace de fraîcheur, un refuge pour la biodiversité et un coin de poésie qui change au fil des saisons… tentant, non ? Si l’idée vous séduit mais que vous ne savez pas trop par où commencer, installez-vous avec une bonne tisane : je vous explique tout, étape par étape, avec mes astuces éprouvées et quelques pièges à éviter.
Pourquoi installer une mare naturelle dans son jardin ?
Avant de mettre les mains dans la terre – littéralement – c’est important de comprendre ce que vous apporte une mare naturelle :
- Un écosystème vivant et autonome : grenouilles, libellules, oiseaux, hérissons… tout ce petit monde raffole des mares.
- Moins d’entretien qu’un bassin décoratif : une mare naturelle ne nécessite pas de pompe ni de filtration complexe.
- Un microclimat favorable au jardin : l’eau régule la température et attire les auxiliaires qui protègent vos plantations.
- Un espace apaisant : parce qu’observer une libellule en vol stationnaire, c’est aussi une forme de méditation.
Convaincu(e) ? On passe aux choses sérieuses !
Choisir l’emplacement idéal
C’est le point de départ, et il n’est pas à prendre à la légère. Une mare bien placée, c’est un gage de succès.
- Mi-ombre ou soleil tamisé : évitez les coins trop ombragés (risque de stagnation) et ceux en plein cagnard toute la journée (l’eau s’évapore).
- Éloignée des arbres à racines traçantes : les racines de saule ou de peuplier, par exemple, viendront vite percer votre bâche.
- Proche d’une zone végétalisée : pour que la faune trouve naturellement le chemin de la mare.
- Pas trop proche de la maison : histoire d’éviter les grenouilles mélomanes sous la fenêtre la nuit !
Petit point personnel : chez moi, j’ai placé ma mare au bord du potager. Résultat ? Adieu limaces, bonjour carabes et crapauds alliés.
Les étapes clés de la création d’une mare naturelle
Une fois l’endroit choisi, retroussez vos manches (et appelez quelques ami(e)s si le terrain est argileux !), voici comment procéder :
1. Dessiner la forme et creuser
Rien de tel qu’un tracé irrégulier pour éviter l’effet “piscine en plastique”. Utilisez un tuyau d’arrosage ou de la farine pour matérialiser la forme au sol. La profondeur idéale ? Entre 60 cm et 1 mètre au point le plus creux, avec des pentes douces pour permettre l’accès aux animaux.
Astuce : prévoyez plusieurs paliers (10-20-50 cm). Ils accueilleront des plantes adaptées à différentes hauteurs d’eau.
2. Installer un géotextile protecteur
Avant de poser la bâche, étalez un feutre géotextile pour éviter les déchirures causées par des cailloux ou des racines résiduelles. Même si vous êtes tenté·e de faire l’impasse, ne zappez pas cette étape. Croyez-moi, j’ai voulu faire l’économie une fois… Mauvaise idée.
3. Poser la bâche étanche
Utilisez une bâche en EPDM, résistante et durable, posée en laissant généreusement dépasser sur les bords (pour une finition plus naturelle). L’astuce : laissez-la se réchauffer au soleil avant de la poser, elle sera plus souple et plus facile à ajuster.
4. Remplir… avec patience
L’idéal est de laisser l’eau de pluie remplir la mare naturellement. Si vous êtes pressé(e), vous pouvez utiliser l’eau du robinet, mais évitez l’usage de l’eau adoucie ou chlorée. Une fois la mare remplie, patientez trois semaines avant d’introduire des plantes.
Choisir les bonnes plantes aquatiques
Les plantes sont le cœur de la mare : elles oxygènent l’eau, servent d’abris et de refuge, et apportent cette touche de charme inégalable.
- Plantes oxygénantes (immersion totale) : élodée, myriophylle, callitriche… Elles maintiennent une eau claire et bien équilibrée.
- Plantes flottantes : lentilles d’eau, hydrocharide… mais attention à ne pas se laisser envahir !
- Plantes de berge : prêle, iris des marais, menthe aquatique, salicaire… un monde de diversité s’offre à vous.
Un combo que j’adore : nénuphars nains + sagittaires + iris jaunes. En plus d’être esthétiques, ils attirent abeilles et libellules.
Favoriser la biodiversité
Votre mare sera vite colonisée, mais vous pouvez lui donner un petit coup de pouce :
- Aménagez les abords : une petite prairie fleurie ou une haie champêtre encouragera l’arrivée des papillons et oiseaux.
- Posez une branche ou pierre immergée : les amphibiens pourront sortir de l’eau facilement.
- Laissez faire la nature : pas besoin d’introduire des grenouilles ou poissons. Ils viendront d’eux-mêmes si le milieu est propice.
Chez moi, la mare a vu débarquer un triton commun au bout de quatre mois, tout à fait tout seul. Comme quoi, avec un peu de patience…
Les erreurs fréquentes à éviter
Même les plus passionnés (coucou) peuvent commettre des impairs ! Voici les pièges classiques à contourner :
- Oublier les paliers ou escaliers : une berge abrupte = zone inaccessible pour la faune.
- Mettre des poissons : même s’ils semblent mignons, ils mangent œufs, têtards et libellules. Résultat : biodiversité en berne.
- Utiliser de l’eau du robinet sans déchlorer : le chlore peut perturber l’équilibre biologique au démarrage.
- Planter en excès dès le début : laissez l’écosystème se réguler. Trop de plantes = manque d’oxygène ou asphyxie de la mare.
- Vouloir une eau totalement transparente : dans une mare vivante, un peu de turbidité est normale !
Un entretien minimal mais indispensable
Une mare naturelle ne demande pas de gros entretien, mais quelques gestes ponctuels permettent de la garder saine :
- Éliminer les algues filamenteuses si elles deviennent envahissantes (avec une fourche ou une branche).
- Tailler les plantes de berge à l’automne pour éviter qu’elles ne tombent en masse dans l’eau.
- Retirer les feuilles mortes à la surface durant l’automne, au besoin.
Et surtout : observez avant d’intervenir. C’est souvent la nature elle-même qui régule les petits déséquilibres.
Une mare : bien plus qu’un simple décor
Installer une mare naturelle dans son jardin, ce n’est pas juste “faire joli”. C’est créer un écosystème riche, pittoresque et utile. Et c’est aussi s’offrir un coin de tranquillité, un rendez-vous permanent avec le vivant. La mienne est devenue mon terrain d’observation préféré : entre le ballet des libellules le matin et le chant des crapauds le soir, c’est toute une symphonie naturelle qui s’est installée.
Alors, prêt(e) à faire de la place pour un petit coin d’eau sauvage dans votre jardin ? Croyez-moi, vous ne le regretterez pas.