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Installer une piscine naturelle au jardin : réglementation, matériel et étapes pas à pas pour un bassin écologique

Installer une piscine naturelle au jardin : réglementation, matériel et étapes pas à pas pour un bassin écologique

Installer une piscine naturelle au jardin, c’est un peu comme inviter un morceau de rivière chez soi… mais sans les bottes en caoutchouc. C’est beau, écologique, agréable à vivre, et souvent plus harmonieux qu’un grand rectangle bleu au milieu de la pelouse.

Mais attention : on ne creuse pas un trou, on ne jette pas trois plantes aquatiques dedans, et hop, c’est réglé. Une piscine naturelle, ça se pense, ça se dimensionne, ça se déclare parfois, et ça s’équipe correctement.

Piscine naturelle : c’est quoi exactement ?

On parle de piscine naturelle, bassin de baignade naturel ou baignade écologique. L’idée est toujours la même : remplacer le chlore et les traitements chimiques par un système de filtration biologique, avec des plantes et des micro-organismes.

On distingue généralement trois zones :

  • La zone de baignade : l’endroit où vous nagez, avec une eau claire et suffisamment profonde.
  • La zone de lagunage (filtration plantée) : remplie de plantes aquatiques et de substrat (graviers, pouzzolane…) qui filtrent naturellement l’eau.
  • La zone de régénération : parfois combinée au lagunage, elle permet à l’eau de s’oxygéner et de se clarifier.

Le tout fonctionne en circuit fermé, avec une pompe qui fait circuler l’eau entre ces différentes zones. Pas ou très peu de produits chimiques, mais un véritable petit écosystème.

Réglementation : ce qu’il faut savoir avant de sortir la pelle

Bonne nouvelle : en France, les piscines naturelles sont généralement soumises aux mêmes règles que les piscines « classiques ». Moins bonne nouvelle : cela veut dire qu’il y a quand même quelques obligations.

Déclaration ou permis de construire ?

Tout dépend des dimensions de votre bassin et des aménagements autour.

  • Moins de 10 m² : en principe, pas de formalités administratives, tant que la hauteur des abords reste modeste (pas de gros abri, pas de terrasse monumentale).
  • Entre 10 et 100 m² : une déclaration préalable de travaux en mairie est en général nécessaire.
  • Plus de 100 m² : il vous faudra un permis de construire.

Attention aussi à la profondeur : au-delà de 1,80 m, on peut entrer dans des cas particuliers, mieux vaut vérifier avec votre mairie ou le service urbanisme. Et si votre terrain est en zone protégée (site classé, zone Natura 2000, périmètre d’un monument historique…), les règles se corsent.

Dans tous les cas, n’hésitez pas à :

  • consulter le PLU (Plan local d’urbanisme) de votre commune,
  • prendre rendez-vous avec le service urbanisme pour présenter votre projet,
  • garder une trace écrite des réponses obtenues.

Sécurité : même combat que pour une piscine classique

Piscine naturelle ou pas, dès que le bassin est enterré ou semi-enterré et dépasse 10 m², la réglementation sur la sécurité entre en jeu. Vous devez installer au moins un des quatre dispositifs prévus par la loi :

  • barrière de protection avec portillon sécurisé,
  • alarme (immergée ou périmétrique),
  • couverture de sécurité (normée),
  • abri de piscine sécurisé.

Oui, même si votre piscine ressemble à un étang romantique digne d’un tableau impressionniste, la loi la voit comme une piscine.

Emplacement : où installer sa piscine naturelle ?

Le bon emplacement, c’est la moitié du succès. Une erreur ici, et vous risquez de vous battre ensuite avec les algues, la boue et les feuilles mortes.

Quelques critères essentiels :

  • Ensoleillement : idéalement, 5 à 6 heures de soleil par jour. Trop d’ombre = eau froide et plantes qui végètent. Trop de soleil = prolifération d’algues, surtout au début.
  • Distance des arbres : évitez les grands feuillus juste au-dessus du bassin. Les feuilles encombrent, les racines peuvent endommager l’étanchéité.
  • Pente et relief : un terrain légèrement en pente peut aider pour la circulation de l’eau, mais complique parfois le terrassement. Faites simple : une zone relativement plate sera plus facile à aménager.
  • Accès : pensez au passage des engins pour le terrassement, à l’arrivée du matériel, et plus tard à l’accès pour l’entretien.
  • Vent : une zone trop exposée au vent refroidira l’eau plus vite et apportera plus de débris dans le bassin.

Astuce pratique : observez votre jardin une journée entière, ou même sur plusieurs saisons, pour voir où le soleil tape, comment circule le vent et où l’eau a tendance à stagner en cas de pluie.

Matériel nécessaire pour un bassin de baignade écologique

Une piscine naturelle demande un peu plus de préparation qu’une simple bâche et un tuyau d’arrosage. Voici les grandes familles de matériel à prévoir.

L’étanchéité du bassin

Plusieurs options sont possibles :

  • Bâche EPDM ou PVC : la solution la plus courante. L’EPDM est plus durable mais un peu plus chère. Elle s’adapte bien aux formes libres.
  • Béton : solide, durable, mais plus technique et plus coûteux. Convient si vous voulez des parois bien droites, des escaliers intégrés, etc.
  • Argile compactée : possible, mais délicate à mettre en œuvre et à maintenir parfaitement étanche.

La plupart des autoconstructeurs choisissent une bâche EPDM ou PVC renforcé, posée sur un géotextile pour protéger des cailloux et des racines.

La circulation et la filtration de l’eau

Contrairement à un étang purement décoratif, une piscine naturelle a besoin d’une bonne circulation d’eau pour rester agréable à la baignade.

  • Pompe : de faible consommation mais fonctionnant longtemps (souvent 16 à 24 h/jour en saison). Elle fait circuler l’eau vers la zone plantée et éventuellement un ruisseau ou une cascade.
  • Skimmer : pour récupérer les feuilles et débris flottants à la surface.
  • Préfiltre mécanique : filtre à grille, filtre à tambour ou simple panier, pour retenir les plus grosses impuretés avant l’arrivée dans le lagunage.
  • Filtration biologique : réalisée par le substrat (pouzzolane, graviers, sables) et les plantes aquatiques, qui absorbent les nutriments et limitent le développement des algues.

Sur certains projets, on ajoute un filtre à UV pour aider à clarifier l’eau au démarrage. Ce n’est pas obligatoire, mais peut faciliter les premières saisons.

Les plantes pour piscine naturelle

Les plantes sont le cœur du système. Elles assurent la filtration et donnent ce côté « oasis » au jardin. On recommande en général que la zone plantée représente au moins 50 à 60 % de la surface totale du bassin.

On utilise plusieurs types de plantes :

  • Plantes oxygénantes (pour l’eau claire) : myriophylles, élodées (attention aux espèces invasives, renseignez-vous), callitriches…
  • Plantes épuratrices : iris des marais, massettes naines, carex, scirpes… Elles consomment nitrates et phosphates.
  • Plantes flottantes : nénuphars, quelques plantes de surface pour ombrer l’eau et limiter les algues.
  • Plantes de berge : pour stabiliser les bords et attirer la biodiversité (libellules, oiseaux, grenouilles).

Le but est d’obtenir un équilibre : suffisamment de plantes pour filtrer, mais sans tout envahir au point de gêner la baignade.

Étapes pas à pas pour créer votre piscine naturelle

Chaque projet est unique, mais le déroulé général reste à peu près le même. Voici un canevas pour vous aider à visualiser le chantier.

Concevoir le plan

Avant d’attaquer la terre, prenez le temps de dessiner :

  • les dimensions de la zone de baignade (par exemple 4 x 6 m),
  • la profondeur (souvent 1,40 à 1,80 m pour bien nager),
  • la zone de lagunage (au moins équivalente en surface à la zone de baignade, souvent plus),
  • l’emplacement de la pompe, du skimmer et des arrivées d’eau dans le lagunage,
  • l’accès au bassin : plages, escaliers, ponton en bois, grosses pierres…

Vous pouvez vous inspirer de plans existants, de livres spécialisés ou faire appel à un paysagiste spécialisé en bassins de baignade pour cette étape clé.

Terrassement

C’est le moment de faire intervenir la pelle mécanique (ou de la louer si vous vous sentez d’attaque).

Objectifs :

  • creuser la zone de baignade aux bonnes profondeurs,
  • créer les différents paliers pour la zone de lagunage (souvent moins profonde, 30 à 60 cm),
  • prévoir les pentes douces pour certaines berges, selon le style recherché.

Pensez à évacuer ou réutiliser la terre (création de buttes, talus paysagers…). Une terre argileuse peut parfois servir à renforcer l’étanchéité sous la bâche.

Mise en place de l’étanchéité

Une fois le trou prêt :

  • égalisez le fond, retirez les pierres et racines,
  • posez un géotextile sur toute la surface, en le faisant remonter sur les bords,
  • déroulez la bâche EPDM ou PVC, en prenant votre temps pour éviter les plis trop marqués,
  • préservez des marges généreuses sur les bords pour pouvoir fixer proprement la bâche sous une terrasse, des pierres ou une plage en bois.

C’est une étape un peu physique, mais cruciale. À plusieurs, c’est beaucoup plus facile.

Installation de la pompe, du skimmer et des tuyaux

Avant de mettre de l’eau partout, installez tout ce qui doit être dissimulé :

  • skimmer dans la zone de baignade (à intégrer dans la bâche ou dans une paroi rigide),
  • pompe (souvent dans un local technique discret ou un coffret près du bassin),
  • tuyaux d’aspiration et de refoulement vers le lagunage, éventuellement vers une cascade artificielle,
  • prises électriques sécurisées, protégées par un différentiel et installées par un électricien si vous n’êtes pas absolument sûr de vous.

Pensez maintenance : il doit être possible d’accéder facilement à la pompe et aux filtres pour les nettoyer.

Remplissage et création du lagunage

On peut remplir le bassin progressivement, en parallèle de la mise en place de la zone de filtration plantée.

  • Posez des grilles ou cloisons (pierre, bois, béton) pour séparer la zone de baignade de la zone de lagunage tout en laissant passer l’eau.
  • Remplissez la zone de lagunage avec un substrat filtrant : graviers, pouzzolane, éventuellement sable selon la conception.
  • Installez les paniers ou les zones de plantation pour les plantes aquatiques.

Plus le chemin de l’eau dans le substrat est long et tortueux, plus la filtration biologique sera efficace.

Plantation des végétaux aquatiques

Vient ensuite la partie la plus réjouissante pour les amoureux du jardin : choisir et installer les plantes.

Quelques repères :

  • Plantez densément dès le départ pour éviter que les algues ne s’installent trop facilement.
  • Variez les profondeurs de plantation pour répondre aux besoins des différentes espèces.
  • Mélangez les types de plantes (oxygénantes, épuratrices, de berge, flottantes) pour un système équilibré.
  • Évitez les espèces invasives ou interdites dans votre région (renseignez-vous en pépinière spécialisée).

Les premières saisons, le bassin va évoluer visuellement : certaines plantes vont exploser, d’autres disparaître. C’est normal, l’écosystème cherche son équilibre.

Mise en eau complète et premiers mois de fonctionnement

Une fois que tout est en place :

  • terminez le remplissage,
  • mettez la pompe en marche,
  • vérifiez les fuites éventuelles (surtout autour des skimmers et des traversées de paroi),
  • ajustez la circulation de l’eau pour qu’elle passe bien par les zones plantées.

Les premières semaines, l’eau peut devenir verte, trouble, parfois même un peu inquiétante. C’est très souvent normal : les micro-organismes s’installent, les plantes prennent leurs marques. Si la conception est bonne, la situation s’améliore généralement après quelques semaines à quelques mois.

Entretien d’une piscine naturelle : simple, mais régulier

Une piscine naturelle ne demande pas de chlore ni de produits agressifs, mais elle n’est pas totalement « sans entretien ».

À prévoir :

  • Retirer les feuilles et débris régulièrement (épuisette, skimmer).
  • Tailler les plantes en fin de saison, retirer les parties mortes pour éviter une accumulation excessive de matière organique.
  • Surveiller la pompe et les filtres : nettoyage des paniers, vérification des débits.
  • Compléter le niveau d’eau en cas d’évaporation importante en été.
  • Observer : apparition d’algues filamenteuses, déséquilibre entre les plantes, eau qui se trouble… Les signes vous permettent de réagir tôt.

Avec le temps, vous apprendrez à « lire » votre bassin : une explosion d’algues au printemps, par exemple, est souvent un signe d’excès de nutriments dans l’eau ou d’un manque de plantes épuratrices.

Budget : à quoi s’attendre ?

Les prix varient énormément selon que vous faites tout vous-même, que vous confiez le projet à un professionnel, et selon les matériaux choisis.

  • En autoconstruction partielle (vous faites le terrassement, la pose de bâche, le paysagisme) : on trouve des projets aux alentours de 200 à 400 €/m² de surface de baignade, parfois moins avec beaucoup de récup’ et de système D.
  • Avec un professionnel spécialisé clé en main : comptez souvent entre 800 et 1 500 €/m², selon la complexité, la finition, la région.

En comparaison avec une piscine traditionnelle, l’investissement de départ est parfois un peu plus élevé, mais l’absence de produits chimiques récurrents et la faible consommation énergétique de la pompe peuvent compenser en partie à long terme.

Pourquoi se lancer ? Les vrais atouts d’une piscine naturelle

Au-delà de l’aspect technique et administratif, c’est surtout une question de mode de vie.

  • Confort de baignade : pas d’odeur de chlore, pas de peau qui gratte, pas d’yeux rouges. Une eau douce, qui ressemble davantage à une eau de lac.
  • Esthétique : le bassin s’intègre au jardin, avec ses plantes, ses pierres, la faune qui s’installe petit à petit.
  • Biodiversité : libellules, oiseaux, grenouilles, insectes aquatiques… Votre bassin devient un petit écosystème vivant.
  • Approche écologique : moins de produits, un fonctionnement bio-inspiré, une eau que l’on respecte autant qu’on en profite.

Installer une piscine naturelle, ce n’est pas seulement ajouter un équipement de plus au jardin. C’est créer un lieu de vie, un paysage, un micro-monde à observer au fil des saisons. Et pour celles et ceux qui aiment autant la baignade que le jardinage, c’est une merveilleuse aventure.