Qu’est-ce que l’aquaculture végétale ?
L’aquaculture plante, ou aquaponie quand elle est associée à l’élevage de poissons, désigne la culture de plantes dans l’eau, sans sol. C’est une méthode ancienne remise au goût du jour par les jardiniers modernes qui rêvent d’un potager économe en eau, productif et… propre ! Pas de désherbage, pas de terre sous les ongles (même si j’avoue, ça me manque parfois), et des résultats surprenants quand les conditions sont réunies.
Les racines des plantes sont immergées dans une eau riche en nutriments, souvent issue d’un circuit ramenant les déchets de poissons (dans les systèmes couplés) ou enrichie manuellement (dans les systèmes hydroponiques classiques). Ce mode de culture réduit les maladies du sol, économise l’eau, tout en permettant une croissance rapide des végétaux. Magique ? Un peu, oui.
Les conditions idéales pour une aquaculture réussie
Avant de plonger vos salades dans l’eau, il faut comprendre que certaines conditions sont à réunir pour que vos plantes ne périssent pas noyées (ça, ce serait un comble, non ?). Voici les éléments clés à surveiller :
- Qualité de l’eau : L’eau doit être propre, sans chlore, et idéalement légèrement acide (pH entre 5,5 et 6,5 pour les végétaux les plus courants).
- Oxygénation : Les racines, comme nous, ont besoin d’oxygène. Une pompe à air est souvent indispensable.
- Nutriments : Les plantes ont besoin d’azote, de phosphore, de potassium et d’oligo-éléments. En aquaponie, ils viennent des poissons. En hydroponie, vous devrez les ajouter vous-même avec des solutions nutritives adaptées.
- Température : Entre 18 et 28 °C pour la plupart des plantes. Trop froid ? Les racines ralentissent. Trop chaud ? Gare aux algues et aux maladies.
- Lumière : La lumière naturelle est idéale. À défaut, investissez dans des lampes horticoles LED pour donner un coup de pouce à vos plants en hiver.
Une fois ces conditions réunies, vous pouvez commencer à composer votre jardin flottant (ou suspendu, selon les systèmes). Et maintenant, le cœur du sujet : que planter ?
Les meilleures plantes pour démarrer en aquaculture
Commençons par le plus simple. Il existe une ribambelle de plantes qui s’adaptent parfaitement à l’aquaculture. D’autres, plus capricieuses, préfèrent la terre ferme. Voici une sélection testée et approuvée :
Les salades et laitues
Reines de l’aquaponie, elles poussent vite, donnent de beaux volumes et restent croquantes. Batavia, laitue romaine, feuille de chêne… Toutes répondent présentes tant que l’eau est bien nutrie.
Les aromatiques
Menthe, basilic, coriandre, ciboulette, persil… Les herbes ont un faible pour les systèmes hydroponiques. Ma petite astuce : placez-les près d’une fenêtre ensoleillée ou sous une lampe LED pour qu’elles ne filent pas. Le basilic adore la chaleur et déteste les courants d’air, pensez-y !
Les épinards et blettes
C’est une alternative verdoyante intéressante pour varier du classique trio salade-basilic-menthe. La croissance est rapide et les rendements étonnamment bons.
Les tomates cerises
Oui, on peut cultiver des tomates en aquaponie, à condition de leur faire une place au soleil (et de les palisser proprement, sinon bonjour la jungle). Les tomates cerises, avec leur croissance rapide et leur port plus gérable, sont idéales. Attention cependant aux carences en calcium : surveillez les taches noires sur les fruits (la fameuse « nécrose apicale ») et ajustez vos apports si besoin.
Les fraises
Une petite touche sucrée ? Les fraisiers se plaisent dans les systèmes hydroponiques verticaux. C’est joli, productif, mais un peu plus exigeant. Bon éclairage, bonne oxygénation et hygrométrie adaptée sont de mise.
Les plantes à éviter… au début
Oui, la tentation est grande de tout planter. Mais certaines plantes se montrent peu coopératives dans l’eau, surtout quand on débute. Voici celles à éviter (du moins pour les premières saisons) :
- Carottes, navets et autres racines : Sans terre meuble, la croissance est difficile, voire inexistante.
- Pommes de terre : Système racinaire massif et besoin d’un substrat dense, pas vraiment compatible avec les cultures en eau.
- Courges et melons : Très gourmands, demandent beaucoup de nutriments et de place.
Une fois que vous aurez un système bien établi, libre à vous de faire des essais. Mais commencez par les valeurs sûres. C’est comme casser du petit bois avant d’attaquer les rondins !
Quel système d’aquaculture choisir ?
Pas besoin d’une serre high-tech pour se lancer. Plusieurs solutions existent, de la plus simple à la plus sophistiquée :
Le système DWC (Deep Water Culture)
Les racines flottent dans une eau constamment oxygénée et enrichie. Idéal pour les salades et herbes aromatiques. Simple à fabriquer soi-même avec une caisse en plastique, une pompe à air et quelques godets percés. Léa-style garanti.
Le système NFT (Nutrient Film Technique)
Une fine pellicule d’eau circule dans des tuyaux légèrement inclinés. Les racines s’abreuvent sans être complètement immergées. C’est esthétique et peu encombrant, parfait pour une terrasse ou un balcon.
Le système aquaponique
C’est l’étape du dessus : poissons et plantes cohabitent. Les déchets des poissons nourrissent les plantes, qui filtrent l’eau en retour. C’est un peu plus technique, mais très gratifiant et durable. Et quand les enfants vous demandent “on peut avoir un poisson ?”, la réponse devient un vrai projet pédagogique !
Personnellement, mon petit système avec quatre carpes koïs fait fureur auprès de mes neveux (et des limnophiles de passage, hé oui, il y en a !).
Petits conseils pratiques de terrain
Voici quelques astuces glanées au fil du temps, parfois après quelques bourdes gentiment oubliées :
- Protégez vos systèmes des moustiques : une maille fine à la surface ou quelques poissons suffisent à éviter une invasion.
- Pas de soleil direct aux heures les plus chaudes : préférez la lumière du matin ou du soir, ou jouez avec des ombrières.
- Nettoyez régulièrement les conduits et réservoirs : les algues se développent vite, et vos plantes aiment l’eau… mais pas la soupe verte.
- Notez, notez, notez : température, pH, dates de plantation, variétés testées… un petit carnet de bord, et vous progresserez à vue d’œil.
Un petit mot pour les hésitants…
« Mais Léa, moi je n’ai ni serre ni balcon… » Même dans un petit appartement, une mini-structure de culture aquaponique peut trôner fièrement sur une étagère. Un pot, une pompe d’aquarium, quelques semis, et voilà un basilic qui défie la grisaille de la cuisine. Le plus dur, c’est de commencer. Ensuite, on devient vite accro. (Je vous aurai prévenu.)
L’aquaculture végétale, ce n’est pas une mode gadget. C’est un vrai outil durable, pédagogue et poétique pour faire pousser son jardin autrement. Et ça fait un bien fou de voir ses salades vibrer au fil de l’eau, sans jamais se salir les mains. Enfin, presque… 😊

